Cette nuit, aucune tentative d’évasion
ni de furetage exploratif ne furent à déplorer. Après le décrassage en règle
des troupes qui ont fort apprécié les douches sans variation de température ni
de pression, les capos sont passées dans les chambrées, les troupes ont répondu
« présentes », les capos ont rappelé les consignes, les troupes ont
dit « OK », le couvre-feu est tombé. Les capos ont alors entamé leur
ronde suivant un chemin minutieusement tracé. A pas de loup, oreilles
tendues, prêtes à bondir au moindre grincement de porte, elles n’ont pu
constater que sagesse et réclusion.
Une nuit calme donc, et presque
longue puisque les réveils n’ont retenti qu’à 7h20. Mais cette pseudo grasse
matinée, contrainte et forcée par l’horaire tardif et imposé du petit déjeuner,
annonce la première contrariété de la journée : la Galerie des Offices ne
nous verra pas errer parmi ses œuvres. Nous refusons d’y croire dans un premier
temps ; nous nous engouffrons dans la file d’attente qui ne parait pas
bien longue, mais s’avère tristement statique. On capitule. La ville nous
attend. Tant pis pour Méduse, Vénus et toutes les Madones.
Direction la place du Duomo.
Là encore, nous ne sommes pas tout seuls, mais l’harmonie, la pureté et tout
simplement la beauté de l’ensemble nous ravissent. La splendide coupole du dôme
de la cathédrale Santa Maria Del Fiore nous appelle, mais la queue pour y
parvenir se prolonge à l’extérieur jusqu’à l’arrière de l’abside, soit sur plus
de 153 mètres : deuxième contrariété de la journée. Mais là, nous n’avons
pas dit notre dernier mot : nous reviendrons et ne capitulerons pas. Allons,
pour l’heure, nous ébrouer sur la place de la Seigneurie, où il est simplement
nécessaire de jouer des coudes pour admirer Persée vainqueur de Méduse ou Hercule
battant le Centaure. Le fier Médicis a, quant à lui, eu le bon goût d’avoir
fait poser sa statue équestre sur un piédestal à la hauteur de son ego :
pratique pour la postérité. Nous trouvons aussi sans encombre le graffiti de Michel-Ange
tagué sur le Palazzo Vecchio. Bref, il fait beau, c’est beau, on est bien. Nos
pas nous mènent ensuite sur la place Santa Croce, mais, ô misère, cette
splendide piazza est recouverte de tentes : Audi, entre autres, y expose
ses derniers modèles, et nous interdit de nous faire une idée de l’ensemble pourtant
si harmonieux du lieu. Bientôt 13 h, vite, rapprochons-nous de la Galerie de l’Académie
où une visite nous est réservée ; un pique-nique sauvage s’organise au préalable sur
les marches de la place de l’Annonciation ; vite encore, pas le temps de
souffler, encore moins de digérer, pas question de louper le beau David. Et c’est
vrai qu’il est beau. C’est curieux d’ailleurs, cet effet quasi unanime qu’il
produit, même chez ceux que les sculptures laissent habituellement de marbre (hahaha !).
Sans doute est-ce cela la perfection, ou le talent. On rêve alors de se poser,
de s’avachir sur un trottoir, nos jambes souffrent, nos pieds hurlent mais la
coupole du Duomo crie plus fort : allons-nous reposer dans la file d’attente.
L’entorse, qui doit penser à la circulation de son petit sang, se voit alors
prendre d’assaut son joli fauteuil par ses vieilles et fourbues professeurs,
les copains râlent mais le bénéfice de l’âge l’emporte. La coupole, enfin !
L’Enfer, le Paradis, les anges, les démons, le Christ en majesté. Le Jugement
dernier, quoi ! Mais quelle impression ! Pas sûr néanmoins que nos
collégiens aient apprécié l’œuvre à sa juste valeur ; ils semblent avoir
trouvé plus spirituel d’allumer des bougies… La pause tant attendue arrive. On
en profite pour faire le plein de souvenirs : magnets, porte-clés, bracelets,
fromages, pâtes et même 33 tours très florentin d’AC/DC. Que d’éclectisme !
Puis, comme nos chers petits
ont tout de même été bien mignons durant ce séjour, et que leurs corps de
lâches tiennent finalement très bien, l’équipe enseignante décide de leur
offrir une glace, chez le meilleur glacier de Florence (eh !). De l’autre
côté de l’Arno ! Et c’est ainsi que nos petits mollets traversent sans
douleurs, ou presque, le Ponte Vecchio. La glace est appréciée, le temps libre
sur la place du Palais Pitti aussi.
19 heures, le restaurant de la
veille accueille notre joyeux groupe pour son dernier repas en terre italienne.
L’espoir est grand, les yeux voient des pizzas, les narines hument le feu de
bois, mais les palais n’ont droit qu’à des pâtes. Ce n’est pas une surprise, simplement
un vain espoir déçu, car la veille, le corps enseignant, dans sa grande bonté
et sa lassitude extrême, supplia, avec des arguments de choc, serveurs et
patron. Rien à faire, le menu était établi, inchangeable. Néanmoins sensible et
compatissant à nos malheurs, un serveur arrive soudain à la table des enseignantes,
les bras chargés de deux jolies pizzas, provoquant immanquablement sifflements
et « houuuu » de jalousie. C’est ainsi que nous aurons chacun, au
terme de ce beau voyage, mangé un carré de pizza !
Gâteau et bougie d'anniversaire, retour à l’hôtel, chargement
du bus.
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