Jour 5 - Route vers Florence & Jardin des Tarots

Ça a grincé. Les balades nocturnes de chambres en couloirs et de couloirs en chambres étant strictement prohibées, le corps enseignant est entré dans une colère noire -  froide et effusive à la fois. A l’heure où nous grimpons dans le bus, les délinquants, piteux et peu aise, ont cessé de trembler, mais ils n’en mènent pas large, conscients que leur délit non seulement vient de briser la confiance que les candides et bienveillantes professeurs leur accordaient, mais leur promet également une soirée nettement moins rigolote.

Ce matin, nous roulons donc vers la Toscane dans un calme post-traumatique évident. L’île aux chiens, une histoire de déportation canine au milieu des ordures, captive nos élèves, mais le film achevé, l’apathie demeure; et même les airs de musette-électro diffusés sur les ondes italiennes qui crachotent dans les enceintes de notre joli bus ne parviennent à les émouvoir, ni donc à les dérider.

Il faudra attendre 12h30, soit la pause pique-nique et notre arrivée aux pieds du Jardin des Tarots, sis entre mer et campagne à proximité du fameux village de Pescia Florentina, pour que les natures redeviennent elles-mêmes. L’endroit est bucolique, pour de vrai cette fois. Il fait chaud, le soleil brille et les vaches gambadent dans la verte prairie. L’unique sandwich trop vide et trop épais est vite avalé, le fruit pourri jeté sans complexe.

Le Jardin des Tarots nous accueille enfin. Et quel accueil ! Les petits yeux sont immédiatement éblouis par le Magicien bleu à la grande bouche. Mais le Choix, la Tour de Babel, l’Empereur, la Justice, le Diable, la Force, la Tempérance, etc. sont tout aussi séduisants. Les couleurs, les formes, les matières ou encore les jeux de miroirs – le tout dans un style très gaudien – mettent merveilleusement en valeur toute la symbolique des cartes du jeu de Tarot. Créé par Niki de Saint Phalle, ce jardin est donc un parc de sculptures géantes dédié à la signification des cartes de cet art divinatoire qu’est également le tarot. Je ne vous en dirai pas plus, car en deux heures, nous n’avons eu le temps que d’observer, pas de comprendre les tréfonds de la symbolique. En tout cas, ce fut un vrai beau moment pour les petits comme pour les grands. Une pure réjouissance. Observez donc les atouts la prochaine fois que vous entamerez une partie au lieu de les compter.

16h00, il nous faut quitter ce lieu enchanteur. Dans le bus, l’humeur est des plus joyeuses. Le traumatisme matinal, incontestablement, s’est envolé. Mais le jeune a la joie bruyante, le rire gras et la voix haute quand il est content. C’est alors que Mme Delhon, pour faire retomber l’excitation des troupes, s’empare du micro : « Taisez-vous maintenant, regardez le paysage, c'est beau, c’est vert, c’est de la chlorophylle ». Nous l’avons connue plus efficace ! Florence en vue. Check-point franchi. La suite plus tard.

Installation à l’hôtel : « C’est trop beau », « Venez voir notre chambre », « Ça change d’hier ». En effet, ça change. Aménagé dans un ancien couvent, ce vrai beau trois étoiles est fort charmant. Les chambres spacieuses et joliment rénovées donnent même, pour certaines, sur une courette arborée et emplissent de joie nos adolescents qui ont du goût finalement.

Et ce soir :

Mais d’une qualité nettement supérieure à celle des jours précédents, car oui, si forme et couleur jamais ne varient, texture et assaisonnement revêtent mille nuances.

Parmi les bons mots du jour:

- Dans le bus, une demoiselle interpelle une camarade: "Eh, frère". Son voisin s'interroge: "Pourquoi vous dites ''frère'' alors que vous êtes des filles?" La demoiselle de répondre: "Parce que "soeur", ça fait Eglise".

- Grand débat en attendant les clés des chambres autour de l'éternel "pain au chocolat ou chocolatine ?" L'un des protagonistes tranche : "C'est pain au chocolat, car on ne dit pas "raisintine"". Un autre : "Mais on peut dire "fourré aux raisins"". Certes.

1ère série de photos:

 

 

 

2eme série de photos